Z comme Zoom sur la suite

Lorsque j’ai découvert que mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père Jean Baptiste Lombard était allé mourir en Louisiane, je m’étais donné pour mission de trouver son acte de décès. Ça me semblait déjà un tour de force mais je ne voulais pas caler sur mes sources primaires. Je ne me rendais pas compte, à l’époque, à quel point j’étais à la fois présomptueuse et peu ambitieuse.

Présomptueuse parce qu’après m’être familiarisée avec les recherches en Louisiane, j’ai réalisé que cet acte aurait tout simplement pu ne pas exister, coupant court à tout ce qui a suivi. Et peu ambitieuse parce que je n’avais pas imaginé pousser mes recherches au-delà.

Puis il y eut la crise

L’année 2020 a été étonnante à tous égards. J’imagine que nous avons toutes développé nos stratégies pour dépasser le stress du 17 mars et nous accommoder de l’enfermement qui a suivi. Contrairement à beaucoup d’autres, j’ai eu la chance de ne pas avoir à affronter pire que la restriction de mes mouvements dans un lieu où je me sentais bien.

De La Nouvelle-Orléans à Dijon, le pont des archives numériques

Et un lieu doté d’une bonne connexion internet, un atout capital pour la généalogiste privée de salles de lecture. La Nouvelle-Orléans est donc devenue un extraordinaire terrain de jeu, avec d’autant moins de frustration que, contexte sanitaire ou pas, il n’aurait pas été question pour moi d’y faire des recherches sur place.

Mais j’avais le temps puisque j’étais privée d’extérieur. Mon ailleurs est devenu la Louisiane pour ce qui a été, pendant quelques mois, une quête à la limite de l’obsessionnel.

Avec l’acte de décès de Jean Baptiste, j’ai compris qu’il n’était pas parti pour une aventure solitaire mais qu’il avait voyagé avec la famille de son fils Frédéric. En découvrant le manifeste du Cromwell, j’ai su qu’Émélie les avait accompagnés. Et enfin avec le recensement de 1850, j’ai commencé à soupçonner que George était déjà là depuis plusieurs années et les avait motivés à cette traversée de l’Atlantique. Le cadre était posé pour une recherche qui s’annonçait tentaculaire.

Une avalanche d’archives

Aujourd’hui, je n’en reviens pas moi-même de la richesse de mes découvertes, qui va bien au-delà de tout ce que j’ai pu déjà pu poser ici, dans cet abécédaire généalogique. Et je mesure ma chance : quand j’ai voulu par exemple pousser la recherche sur les trois intervenants à la vente du terrain de l’allée Rousselin, je n’ai quasiment rien trouvé sur aucun d’eux. Je ne comprends toujours pas pourquoi tant d’archives sont venues à moi sur ma très ordinaire famille Lombard.

Le bon génie de la généalogie ?

Puis il y eut le ChallengeAZ

Lui me permit d’ordonner mes trouvailles et, en revenant dessus, de leur donner du sens. Et surtout la vérité m’oblige à dire que sans cette contrainte que je m’étais choisie, je n’aurais pas mené à bien mon projet d’écriture. La liberté était revenue et avec elle, trop de distractions, trop d’occasions de faire autre chose plutôt que de m’absorber dans l’histoire des Lombard.

Mais puisque l’engagement était pris, il a bien fallu s’y tenir. Je me suis cependant encore laissé piéger par mon indolence naturelle en ne parvenant pas à respecter le schéma idéal prévu au départ : tout devait être écrit avant le 1er novembre (mais bien sûr, on y croit fort !). Je pensais quand même disposer d’une bonne avance mais elle fut grignotée diablement vite. Et le rouleau compresseur de la publication quotidienne se rapprochait chaque jour un peu plus de mes talons.

Appelez-moi le lapin blanc

Vingt-six articles, cinquante-trois-mille mots et trois-cents images plus tard, j’ai tenu mon chalenge ! Et surtout, je termine sans le regret d’avoir dû bâcler un billet ici ou là. Disons qu’il y en a peut-être un que j’aurais abordé différemment avec un peu de recul mais je le réécrirai à l’occasion… sauf si cette fichue indolence se met encore une fois en travers de ma volonté farouche :-))

Novembre fut intense mais ce ne fut (presque) que du plaisir. Ça va faire tout drôle de ne pas planifier de publication ce soir ; et demain matin de ne pas avoir à allumer l’ordinateur pour vite mettre à jour le tableau de Geneatech avant de partir au boulot. Mais le temps est venu de pouvoir, enfin, aller se régaler à lire les challenges des autres.

Et maintenant ?

J’ai l’impression que tout reste à faire… Ce n’est pas la réalité bien sûr, mais tant de pistes se sont ouvertes ! La liste des futures recherches ne cesse de se remplir.

  • les recherches en France : dès que nous pourrons retourner sereinement en salle de lecture, j’irai creuser la période française de mes émigrants. Car pour le moment, les journées que j’ai pu caler à Besançon ont malheureusement dû être consacrées à l’état civil, pour pallier la carence de sa mise en ligne. J’espère que les archives notariales, entre autres, pourront m’éclairer sur les dispositions prises par mes émigrants avant le départ.

    Et il faudra probablement étendre la recherche au Territoire de Belfort puisqu’ils ont passé une bonne partie de leur vie à Beaucourt. D’ailleurs, j’ai à y chercher tout le reste de la famille, qui ne se résume pas aux Américains ;
  • je dois me remettre en quête de Jean Baptiste pour combler la période de trois ans qu’il a vécue à La Nouvelle-Orléans. La première piste va consister à parcourir tranquillement le recensement de 1860, page après page, pour y retrouver Joseph Depouilly et, bien sûr… ne surtout pas y trouver de Jean Lombard :-))
  • les deux recensements de 1860 et 1870 restent d’ailleurs un mystère car leur indexation ne remonte pas mes Lombard, ni George, ni Frédéric, ni Émélie. Pourtant, beaucoup d’autres éléments me donnent à penser qu’ils n’avaient pas quitté La Nouvelle-Orléans. Là encore, seul un dépouillement exhaustif répondra à mes interrogations ;
  • j’ai eu la chance, en tombant sur la succession inespérée de Frédéric et d’Annette, de trouver en même  temps l’achat de l’allée Rousselin. J’aimerais de la même manière être fixée sur le statut de la rue Tonti où habitaient George et sa famille. Son capital immobilier de quatre-mille dollars et les deux décennies qu’il a passé à cette adresse suggèrent qu’il était propriétaire, mais j’aimerais le confirmer et peut-être avoir par la même occasion une description de la maison. Car le quartier ayant fortement évolué, on n’a pas la chance d’y retrouver les constructions de l’époque ;
Une porte du Faubourg Trémé
  • j’ai un autre projet attaché aux lieux, celui d’écrire à tous les propriétaires actuels des maisons dont je connais la localisation précise ; la mercerie de St Ann street bien sûr, mais aussi par exemple la maison de Mandeville street et celle d’Orleans street où Émélie a vécu avec ses garçons. Si, parmi eux, il y en a qui sont sensibles à l’histoire de leur maison ou tout simplement à la généalogie, peut-être pourront-ils m’en dire davantage sur les lieux ou accepteront-ils de m’envoyer des photos ;
  • j’ai éclairé la vie de quelques protagonistes de mon histoire mais pas de tous, loin de là. Il me reste par exemple à savoir ce qu’est devenu Charles, le fils de Frédéric et Annette, dont j’ai miraculeusement découvert qu’en 1881, il ne se trouvait plus à La Nouvelle-Orléans mais dans la Paroisse de Calcasieu. Mais cette trouvaille de dernière minute reste maintenant à approfondir. Je dois également découvrir ce que sont devenus les enfants de George et de Marianne car jusqu’à présent, je n’ai aucune visibilité sur leur parcours, sauf pour Achille que je cerne assez complètement.

    Il me reste aussi à creuser du côté de personnages que j’ai un peu laissés dans l’ombre comme par exemple les épouses des deux Georges Frédéric. Je ne sais rien de Marianne, sauf la date de sa mort. Quant à Annette, elle m’intéresse particulièrement puisque c’est une payse, née à quelques kilomètres de Dijon ;
  • mon projet, à peine effleuré jusqu’à présent, reste d’explorer mes cousinages américains. J’ai déjà fermé quelques portes, ce qui a le mérite de canaliser les recherches. Je sais par exemple que la branche est coupée du côté d’Émélie et de son mari Joseph Cima, et qu’il en est de même pour les quatre sœurs. En revanche, leur frère Louis, ainsi que leur cousin Achille, sont à l’origine de branches fort vivaces et de conséquentes recherches sont encore à faire de ce côté-là pour retrouver les contemporains ;
Décès d’Emma Lombard le 24 décembre 1924 – Sources : acte FamilySearch, photo Ancestry
  • une autre surprise dont je ne vous ai pas parlé car je ne pouvais pas digresser à l’infini dans le billet sur les deux George Frédéric, c’est qu’en le bouclant, j’ai trouvé à George une fille au Mexique, mariée sur place et semble-t-il avec des enfants. Ce n’est donc pas seulement aux États-Unis que je dois me rechercher des cousinages. Cette Emma ne figurait pas dans le recensement de 1850, il faut que je vérifie si c’est une rejetonne supplémentaire ou bien une de celles que j’ai déjà identifiées et qui aurait choisi de porter un autre prénom. Mais en tout cas, je tiens un fil à dérouler pour explorer la partie mexicaine de la vie de George et je vais devoir intensifier mes recherches dans un nouveau pays ;
  • et finalement, je voudrais approfondir ma connaissance des familles Lombard néo-orléanaises pour vérifier l’absence probable de connexion. J’en ai déjà éliminé deux dont je connais les racines et elles ne plongent pas en Franche-Comté. Mais les autres ? Et si George lui-même, le premier arrivé, ne s’était pas retrouvé par hasard à La Nouvelle-Orléans mais y avait été attiré par des proches installés là avant lui ? Et si j’arrivais à établir un lien avec les familles Lombard de couleur ou avec la plantation Lombard de Bywater ?

Pourtant il va falloir que je me détache de cette histoire. C’est ce qui me paraît le plus difficile après qu’elle m’a absorbée pendant plusieurs mois, de façon quasi exclusive : je n’en suis pas encore lassée. Mais c’est injuste pour le reste de mon arbre et toutes les bonnes surprises qui sont encore à venir dans mes autres branches. D’ailleurs c’est injuste aussi pour mes occupations qui ne sont pas de la généalogie !

J’ai vécu pendant plus d’un an en Louisiane. L’avouerai-je ? Cette période contrainte où nos mouvements étaient restreints aurait pu me sembler frustrante ; et pourtant, j’en ai profité pour faire le plus beau des voyages. Il ne me reste plus qu’à rêver de le concrétiser en vrai, un jour, peut-être…

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