Mon arbre généalogique est très enraciné en France. Pour trouver un peu d’exotisme, je dois remonter jusqu’au XVIIIe siècle avec mes protestants de Franche-Comté. Et encore ne m’emmènent-ils pas dans des contrées sauvages : juste un petit saut de frontière pour la Suisse, l’Allemagne et un peu plus loin dans le temps, l’Angleterre.
Mais c’est tout de même de ce côté-là, celui de notre grand-mère paternelle, qu’allait me venir la surprise d’un voyage au long cours. Elle se cachait dans l’acte de décès de Catherine Lombard, mon ancêtre à la cinquième génération. Rappelez-vous : elle est la maman d’Elmire, qui vécut avec tant d’obstination son histoire d’amour avec Alphonse. Catherine Lombard meurt à Beaucourt le 5 mai 1884.
Fille des époux défunts Lombard Jean Baptiste, décédé à New-Orléans, Etats-Unis d’Amérique… Quelle chance que l’officier d’état civil ait disposé de cette information et surtout, qu’il prenne soin de la reporter scrupuleusement sur l’acte de décès de Catherine, plus de trente ans après ! Car cette toute petite mention allait me conduire de surprise en surprise, jusqu’à découvrir qu’elle était la seule de sa famille à être restée en Franche-Comté. Du côté Lombard, elle fut le rameau fragile et résistant qui maintint nos racines plantées en sol français.
Je rêvais déjà de me découvrir une parentèle outre-Atlantique. Mais comment allais-je me dépatouiller avec les archives en terre d’Amérique ? Une première recherche avec les moyens gratuits de FamilySearch ne m’avait renvoyé aucun retour sur le décès de Jean Baptiste. Je m’étais donc très vite arrêtée à ce que je lisais un peu partout : hors les archives françaises, il est difficile de parvenir à un résultat ; et aux États-Unis, le succès dépend beaucoup d’abonnements spécialisés… et payants.
J’aurais eu bien tort de rester sur ce premier découragement. Car j’ai découvert que l’entraide généalogique n’est pas un vain mot, là-bas aussi bien que chez nous. C’est d’abord Pamela Jack qui m’a fait la surprise de me dégotter l’acte de décès de Jean Baptiste et m’a ainsi fourni un fil auquel j’ai pu m’accrocher pour découvrir tout un nouveau monde. Merci Pam ! C’est grâce à toi que je me suis engouffrée dans cette recherche, à une époque où cet acte-là n’était pas encore indexé.
J’ai aussi beaucoup appris en suivant sur Facebook des groupes de généalogie dédiés à la Louisiane et à La Nouvelle-Orléans. J’y ai même rapidement trouvé des cousines.
Là-bas comme ici, les maîtres mots pour progresser sont la curiosité et l’apprentissage. Je me suis accoutumée petit à petit à ce monstre d’information qu’est FamilySearch, le site des Mormons. J’ai dérouillé mon anglais scolaire en suivant des conférences sous-titrées sur la généalogie, l’architecture, la culture louisianaise, que sais-je encore… Je me suis familiarisée avec les arcanes de l’administration néo-orléanaise ; j’ai appris à naviguer parmi les abondantes ressources des institutions publiques locales au sein desquelles j’ai partout trouvé des contacts extrêmement serviables. J’ai arpenté les rues entre le Mississippi et le lac Ponchartrain et j’ai fini par me sentir chez moi dans cette ville du bout du monde.
Comme un juste retour des choses avec toutes les désastreuses contraintes qu’elle nous impose, la crise sanitaire a été une superbe opportunité pour ma recherche. Car avec les confinements, une offre numérique riche et libre s’est développée aux États-Unis, de la même manière qu’en France. Et c’est ainsi, par exemple, que j’ai pu suivre le séminaire organisé par la bibliothèque publique, l’archidiocèse et les cimetières catholiques de La Nouvelle-Orléans sur les recherches d’état civil dans la ville à travers les ressources de ces trois institutions.
Je suis finalement devenue l’heureuse détentrice d’une carte de lectrice à la bibliothèque publique de La Nouvelle-Orléans. J’ai là aussi profité de la situation sanitaire puisque pendant les confinements, les opérateurs spécialisés sur le territoire américain ont ouvert à domicile l’accès à leurs bases, habituellement limité à la consultation sur place. C’est ainsi que ma carte de bibliothèque m’a permis, pendant toute une année, la consultation de beaucoup de bases privées comme Ancestry pour lesquelles je n’aurais évidemment pas souscrit d’abonnement.
Jean Baptiste a rêvé de Louisiane mais il n’avait pas imaginé qu’il entrainerait dans ce rêve sa petite-fille du XXIe siècle. Avec lui j’ai regardé s’éloigner les rivages de la France, j’ai affronté le tangage de l’océan, j’ai pris l’embouchure du Mississippi jusqu’à aborder dans cette ville mythique qu’est La Nouvelle-Orléans.
J’ai suivi Jean Baptiste, me suivrez-vous sur ses traces de l’autre côté de l’Atlantique, tout au long des vingt-six jours de ce challenge AZ ?
47 commentaires sur “A comme Amérique”
Comment dire…..C’est passionnant, j’attend avec impatience la suite de ces aventures
Bravo pour ces recherches et surtout ce texte qui nous tient en haleine
À très bientôt
Carole
Merci Carole, à bientôt. Je serai là tous les matins à 7 heures 😉
Je te suis dans ce début palpitant. Passionnante investigation; vertige des bases de données; waouh je suis déjà dans le bayou.
Il va nous falloir encore quelques jours pour arriver à destination… mais bientôt !
Ho Ho ,nous voilà dans la région de Tom Sawyer , merci je prend le train au passage et te suis avec plaisir , comme dans un roman !
Je t’emmène en bateau, même !
Enfin je vais m y retrouver dans ta chronologie !car un petit bout ou un grand bout par ci par la lors de notre petit du samedi …tout cela se mélange ds ma petite tête !!!mais comme j adore tes histoires je vais te suivre avec assiduité tout au long de ce mois de novembre…Encore un grand bravo..continue à nous faire voyager
Tu vas voir, là c’est facile parce que c’est tout la même famille. Mais de toute manière c’est ma faute, il va bien falloir que je finisse par faire un vrai arbre généalogique…
Passionnant !!! merci pour ce partage au fil des jours, je me réjouis de découvrir la suite… Bravo pour ta constance…
Pour la NL, j’ai vu dans des réponses à l’article précédent que tu ne l’avais pas encore mise en place, je patiente donc, prends le temps, ce défi est un gros challenge…
Belle journée, bises
Voilà, et en ce moment je n’ai pas trop la tête à me mettre dans la technique, il y a pas mal de choses que je veux améliorer mais on verra ça le mois prochain.
Bien sûr qu’on te suit ! Comment résister à une telle invitation ? En plus je suis sûre que je vais apprendre plein de choses !
J’espère 😉 Il y aura aussi des billets plus techniques sur la recherche.
merveilleuse aventure que voilà!je suis impressionnée par tes recherches!bisous josie
C’est que farfouiller, j’adore ça 🙂
Comme toujours c’est intéressant et très bien écrit…je vais vous suivre bien sûr !
Merci 😉
Je vous suivrai avec plaisir de l’autre côté de l’Atlantique . A demain .
Et moi je serai très contente d’avoir un regard d’outre-Atlantique !
J’ai déjà hâte de connaître la suite de ces aventures c’est avec plaisir que j’embarque pour La Nouvelle-Orléans moi qui ai toujours rêvé d’une croisière sur le Mississipi à bord d’un bateau à Aube! D’après les recherches qu’avait fait ma mère, ma famille n’avait guère bougé de sa région d’origine, ça doit être très intéressant d’avoir des aventuriers dans ses ancêtres!
On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise. Comme on dit : plus on cherche, plus on trouve ! Mais j’avoue que la Louisiane, ça a été une vraie bonne surprise.
A la date que tu mentionnes pour ton ancêtre, il doit déjà y avoir une communauté française en Louisiane après le « grand dérangement » des Acadiens.
Ce fut peut-être plus facile de s’intégrer là qu’ailleurs aux USA
C’est surtout que La Nouvelle-Orléans a été fondée par les Français 😉 Mais au milieu du XIXe siècle, la communauté française s’était beaucoup diluée dans les vagues d’immigration, les natifs de France ne représentaient plus qu’environ 3% de la population de la ville. Mais ça n’a pas dû trop déranger mes Lombard qui étaient aussi assez proches de la communauté allemande.
C’est cela ma magie de la généalogie : aller là où on ne pensait jamais aller ! Travailler sur des sujets qu’on ne pensait jamais aborder. Apprendre, retrouver… et transmettre.
Oui, quelle surprise ça a été ! Mais il suffit de se laisser porter par les actes.
Ton 1er article se lit comme un roman. Un bien intéressant prologue partagé entre les côtes françaises et américaines…. Vivement un autre chapitre
Violine
Demain… Tic tac, tic tac 😉
Quelle aventure! tu as dû bien t’amuser! 😀 et c’est vraiment super d’avoir retrouvé des cousines… La carte de la bibliothèque virtuelle, ça s’arrêtera avec la pandémie? (ça pourrait peut-être m’intéresser)
Je me suis régalée, et ce n’est pas fini 🙂 Je poserai la question pour la carte, mais elle est vraiment intéressante si tu as des recherches spécifiquement sur La Nouvelle-Orléans elle-même, sa géographie, etc. Car l’accès aux bases privées à domicile, oui, c’était spécial pandémie.
Te suivre?? ABSOLUMENT et passionément….la découverte d’un lointain cousin dans ma branche Franc-Comtoise, émigré lui aussi en Louisiane au milieu du XIX, et propriétaire d’une plantation de canne à sucre dans le Parish de Lafourche à une heure de voiture de la Nouvelle-Orléans, a totalement « embarqué » mon imagination mais mes recherches sont loin d’être minutieuses comme les tiennes, alors je vais te suivre de très, très près…. ;))
Nous allons bien finir par faire rencontrer nos gens, quand même ! Tu verras que je reste beaucoup à La Nouvelle-Orléans, avec tout de même une petite incursion au cœur du pays cadien. J’aurai certainement aussi des articles plus pratiques sur les modes de recherche, j’espère que tu y trouveras des pistes.
c’est passionnant ! mais comment pourrait il en être autrement avec toi
Go !
Merci Élisa, y’a plus qu’à tenir le rythme…
Bonjour Sylvaine
La mise en place est faite, et tu nous dévoiles l’introduction. C’est déjà bien passionnant. Oui le confinement , nous a permis d’avoir accès à des sources que nous n’aurions pas eu , sans payer. Donc , à demain, pour la suite de ce voyage de A à Z. Bon Lundi ensoleillé. Gros bisous.
Un voyage immobile… c’était tout ce qu’il me fallait dans ces moments où nous avons perdu la possibilité d’aller et venir à notre gré.
Passionnante histoire autant qu’elle devait être inattendue.
C’est une chose que j’ai toujours aimé en généalogie : on découvre un événement surprenant (ici un décès en Louisiane) et on creuse la question, on apprend, on s’enrichit.
Très bel article et je viendrai lire la suite avec intérêt
Thomas de Sacrés Ancêtres!
Merci Thomas, je dois dire que oui, j’ai fait pas mal de découvertes auxquelles je ne m’attendais pas, j’espère que je saurai vous les faire partager.
Sur ça, on n’a aucun doute avec toi! lol
Votre article est bien intéressant……vous êtes une active chercheuse de vos ancêtres.
Très bonne journée,
À demain.
Impossible de ne pas vouloir les suivre, quand ils nous entraînent dans des voyages pareils !
Tout ce travail de recherche, je suis admirative… à demain. Quand je te dis de faire un livre… l’histoire de tes ancêtres pourquoi pas.
C’est du plaisir, plus que du travail ! Disons que les blogs… ce sont mes livres 😉
Quelle….. évidemment
Sans aucun doute. La curiosité n’est pas un vilain défaut. Quel aventure ?
Sans curiosité, pas de généalogie 😉
Oh oui, je suivrai! ce début est passionnant. De l’Est profond français à La Nouvelle-Orléans, cette migration est étonnante. Peut-être un lien avec le protestantisme? Les protestants de notre région ont souvent été créatifs, dynamiques. A demain!
Les Français n’ont pas une part importante dans l’émigration européenne, ils sont plutôt plus casaniers que les autres pays. Mais les provinces de l’Est comptent pour une part prépondérante dans cette émigration française. Un sentiment moins enraciné d’appartenance à la France ? La proximité de l’Allemagne qui est très émigrante ? Beaucoup de raisons doivent se conjuguer pour l’expliquer, j’imagine.