B comme… le Bavoir de Mauricette

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Nous n’avons pas connu notre grand-père paternel, Roland, ou quasiment pas. Il est mort en 1959, alors que je venais d’avoir un an. Autant dire que je n’en ai évidemment aucun souvenir direct.

Né six mois après sa disparition, mon frère a hérité de lui son second prénom. Quant à moi, il me reste cette photo, prise au tout début de 1959 et qui témoigne malgré tout de notre rencontre.

Il s’efface dans nos souvenirs au profit de ses deux sœurs, Mauricette et Huguette, ainsi que leur mère à tous les trois, notre arrière-grand-mère Georgette. Bien qu’elles aient habité Paris et nous Reims, à cent-cinquante kilomètres de distance, elles sont très présentes dans notre enfance comme dans toute la suite de notre vie.

Après la mort de l’arrière-grand-père Maurice en 1954, les trois femmes continuèrent à vivre ensemble dans cet appartement du quartier Pernety où la famille s’était installée dans les années 20, en arrivant à Paris.

Dans l’appartement de la rue Francis de Pressensé, en février 1966, avec notre arrière-grand-mère et nos deux grand-tantes.
Ce regard d’amour de chaque marraine sur son filleul, sur sa filleule…

Mon père a toujours été très proche de sa grand-mère et de ses tantes, chez lesquelles son enfance avait souvent trouvé refuge au gré des accidents de couple de ses parents. Bien entendu, il était le petit roi de ces dames.

Tout naturellement Mauricette, l’aînée, devint donc ma marraine et Huguette celle de mon frère. Après la mort de notre arrière-grand-mère Georgette, en septembre 1966, nos grand-tantes restèrent toutes les deux rue Francis, jusqu’à leur expulsion dix ans plus tard. Mais c’est une autre histoire qui viendra dans quelques jours.

Naissance de Mauricette à Creil le 23 août 1906 – Archives départementales de l’Oise 3E175/95

Car l’objet que je veux évoquer aujourd’hui nous renvoie bien longtemps en arrière, jusqu’au début du siècle. Georgette et Maurice se marient à Creil en 1903 et trois ans plus tard, le couple accueille sa première enfant. Le 24 août 1906, Maurice débarque en mairie pour déclarer sa nouvelle-née sous le prénom de… Mauricette. Aucun doute, c’est un fier papa qui se présente à l’officier d’état civil ce jour-là ;-))

Le bavoir de ma tata-marraine… bien avant qu’elle ne soit et tata et marraine !

Pour montrer la petite merveille au monde, on devait la parer de sa plus jolie layette incluant ce magnifique bavoir marqué à son prénom, qui était assurément celui des grands jours. Mais comme les bébés ne sont pas toujours soucieux du beau linge brodé, il a tout de même dû connaître le lavoir et les coups de brosse énergiques, dont témoigne l’émouvante usure à l’endroit du cou.

Quelle main réalisa ce joli travail ?

À Creil, la petite famille habite chez les grands-parents de Georgette qui est orpheline depuis son plus jeune âge. C’est Rosalie, sa grand-mère, qui part la première quelques mois après la naissance de Mauricette, puis le vieux cheminot qui les quitte à ses six ans.

La même année, en 1912, la fillette va alors vivre à la fois la mort de son arrière-grand-père, l’arrivée de son petit frère Roland et le déménagement pour la rue de Montataire où Georgette ouvre son restaurant des pommes sautées. Je l’imagine assez, gamine, se baladant entre les tables où sa mère donnait à manger aux cheminots et aux ouvriers des usines toutes proches.

Malheureusement, je n’ai pas de photo d’elle portant son beau bavoir, ni même lorsqu’elle était tout bébé. La première fois qu’on l’emmena chez le photographe, elle se tenait déjà debout comme une grande, et bien droite. N’est-elle pas à croquer, ma jolie marraine ?

Je vous reparlerai d’elle le jour du G comme Glycines Parisiennes et surtout le jour du M comme Mauricette.

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