Le grand jour du p’tit boulet Bernot

J’ai déjà évoqué les relations particulières qui nous ont toujours unis à nos marraines, deux sœurs qui sont nos grand-tantes et sont longtemps restées indissociables dans notre esprit.

Mauricette, l’aînée, était ma marraine et Huguette, sa cadette, celle de mon frère, toutes deux les sœurs de mon grand-père paternel que nous n’avons pas connu… ou si peu.

Huguette Lenoir
Les tatas-marraines au Luxembourg

Il y a presque vingt ans, Mauricette nous quittait à la veille d’atteindre ses quatre-vingt-dix-neuf ans. Huguette, qui avait toujours vécu avec elle, s’habitua mieux que nous ne l’aurions espéré à sa vie en solo dans leur petit appartement parisien du XVe arrondissement.

À la fin de l’été 2021, il a pourtant fallu se résigner à l’installer en maison de retraite mais là aussi, elle s’est acclimatée sans broncher à son nouveau lieu de vie en province. Nous avions tellement redouté de lui faire quitter la capitale ! Mais comme son univers s’était réduit aux murs de l’appartement, elle se trouve finalement satisfaite de la proximité familiale et du jardin dans lequel elle peut passer les après-midis ensoleillés.

Huguette aux jeannettes

Elle n’avait pourtant jamais quitté son cher Paris que pour les camps de jeannettes de son adolescence puis ensuite de courtes vacances d’été avec sa sœur à Gérardmer ou les Noëls dans notre tanière champenoise. Je crois bien que son expérience provinciale la plus longue avait jusqu’ici été l’évacuation de quelques mois à Sablé-sur-Sarthe pendant la guerre. Cette parigote dans l’âme avait toujours professé haut et fort que le seul endroit où elle pouvait vivre était le périmètre très restreint où toute sa vie s’était déroulée, quelques centaines de mètres de part et d’autre du pont aux bœufs.

Huguette et Mauricette

C’est là qu’elle naît, le 30 décembre 1923, à 17 heures, au 6 de la rue Chatelain devenue depuis Francis de Pressensé. Comme il se doit encore dans cette première partie du XXe siècle, elle voit le jour dans l’appartement familial, dans cette chambre du fond qui était celle de ses parents et qui, cinquante ans plus tard, sera toujours la sienne.

Quand elle pointe son nez, elle a déjà une tignasse si brune que quelqu’un parmi l’aréopage familial réuni pour l’accueillir s’exclame : Tiens, v’là le p’tit boulet Bernot !

Ils ne nous évoquent plus rien aujourd’hui mais les boulets Bernot étaient extrêmement populaires dans le Paris de l’époque qui se chauffait principalement au charbon, plus économique que le bois. Surtout ces fameux boulets qui recyclaient la poussière de charbon, agglomérée par un liant.

Bernot était bien visible partout dans Paris avec sa quinzaine de dépôts, tous les bougnats qui le commercialisaient et ses voitures de livraison qui sillonnaient les rues de la capitale.

Si la maison Bernot a disparu depuis plusieurs décennies, notre petit boulet à nous est toujours là et fête ses cent ans aujourd’hui, à 17 heures. Notre première centenaire Lenoir et même la première centenaire de tout notre arbre généalogique !

Bon anniversaire, ma chère tata ♥ ♥ ♥

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