#Genealogie7Photos
Sophie Boudarel nous propose de raconter notre histoire familiale en photos, pendant une semaine, avec un thème différent chaque jour. Voir toutes les photos du défi
Ma branche paternelle est à tendance citadine depuis la fin du XIXe siècle, à Creil d’abord puis à Paris dès la fin de la première guerre mondiale : le côté grand-maternel sur les pentes de Montmartre et le côté grand-paternel au cœur de Montparnasse. La tendance n’était donc pas trop aux animaux dans ce milieu très urbain.
En revanche ma Maman vient de la campagne. Nous avons vu son père au travail ici. Pendant toute notre enfance, l’habitude était bien ancrée : un dimanche sur deux, elle préparait une cocotte qui n’aurait qu’à réchauffer sur la cuisinière à bois et nous partions passer la journée chez lui.
Pour les petits citadins de la banlieue rémoise que nous étions alors, que d’explorations nous réservaient ces journées ! Et avec quel plaisir, pensions-nous, la maîtresse accueillait nos récoltes du dimanche… Nous étions particulièrement fiers des têtards soustraits à la mare aux saules et ramenés dans l’eau trouble d’un bocal.
Plaisir suprême, nous y retrouvions Micky, un petit chien sans race à poil ras tâché de noir et blanc, toujours de bonne humeur. Un plaisir qui nous était refusé au quatrième étage de notre HLM et même plus tard, quand nous avons eu notre maison. Maman était futée et savait bien ce que valaient nos promesses juré-craché d’en assumer la charge quotidienne pour la nuit des temps !
Et surtout il y avait les clapiers, au bout du bâtiment où se trouvait aussi la cabougnette des toilettes. Autant dire que nous étions en proie à de fréquentes envies, surtout pendant le seul moment du repas où on nous demandait de nous tenir tranquilles ; juste pour le plaisir d’aller donner au passage une caresse aux lapins…
Je n’ai pas de photos de nous à cette époque avec les animaux mais les souvenirs sont remontés en remettant la main sur celle de ma mère avec son oie, prise trente ans plus tôt.
Je n’avais jamais vraiment prêté attention à cette image auparavant mais j’y retrouve la puissance d’évocation de nos moments d’enfance à Baslieux, jusqu’à l’odeur terreuse de la paille fraîche mêlée à celle de la tôle des clapiers.
La photo a été prise en septembre 1943, ma mère a dix-sept ans et travaille en ville comme bonne. Elle suit la mode du jour avec sa coiffure à coque ;-)) Le dimanche, elle a vite fait d’avaler à vélo les vingt-cinq kilomètres qui la séparent du village pour revenir chez elle. S’il le faut, elle allège un peu le trajet en s’accrochant à un camion dans les côtes.
Quelle est l’histoire de cette photo ? Peut-être était-elle venue ce jour-là avec une copine, ma tante saura me le dire. Pendant cette période, on voyait aussi souvent débarquer les cousins partis travailler à Paris après la dernière guerre et qui avaient bien du mal à trouver du ravitaillement dans la capitale.
Et quelle est l’histoire de cette oie que ma mère tient dans ses mains ? Mon grand-père adorait ses animaux et détestait les voir souffrir. Mais le poulailler et les clapiers étaient tout de même là pour nourrir la famille…
4 commentaires sur “Jour 6 : les animaux de la famille”
N’est-ce pas le regret de nous toutes ,femmes d’âge mûr ?
Ou bien est-ce que nous reviennent des souvenirs ,des histoires oubliées qui ,avec l’expérience de la vie vécue ,apparaissent sous un autre angle et nous font dire maintenant :pourquoi n’ai-je pas posé ces questions du vivant de nos parents aimés.
C’est peut-être pour les faire vivre encore un peu…
Pour ce que j’en vois autour de moi, c’est surtout une préoccupation de généalogiste, hommes y compris. Quand on commence à vouloir écrire l’histoire familiale, on se rend compte que si les archives sont le pilier de sa reconstitution, tout ce qui se passe par la transmission orale est également capital. Mais comme la pratique de la généalogie contamine maintenant les plus jeunes, je pense que c’est un souci qu’ils auront moins que nous 🙂
Certaines photos gardent tout leur mystère… Je me reproche souvent de ne pas avoir posé assez de questions à ma grande-tante, quand elle était encore là, et qui aimait raconter l’histoire de la famille…
Bon dimanche, bises
On ne pose jamais assez de questions ! J’ai consigné beaucoup d’anecdotes de famille et pourtant, aujourd’hui, je me surprends encore à avoir de nouvelles interrogations et à regretter que ce soit trop tard pour y trouver réponse…