Ma généalogie dans la Loire

Confrontée à un état civil très fragmentaire dans la capitale, j’ai longtemps été arrêtée sur Jean Marie Villemagne, un de mes ancêtres parisiens ; et un petit peu frustrée de ce blocage parce que la seule chose que je savais de lui avait de quoi me mettre l’eau à la bouche : en l’an VIII, à la naissance de sa fille Marceline, mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père (promis, je ne le ferai plus) exerçait la profession de rubanier.

Mais on me l’a donc fabriqué sur mesure, celui-là ! Pour moi qui suis une passionnée de tout ce qui touche à l’histoire du textile, me découvrir une filiation avec un passementier était une divine surprise.

Naissance de Marceline Villemagne le 10 novembre 1800 – Archives de Paris 5Mi1 112

Cependant je restais sur un goût de trop peu avec ce seul mot à me mettre sous la dent : d’où sors-tu, mon rubanier ? Et d’où te vient ce métier-là ?

Mais aucun problème n’existe qui n’ait de solution. Même la disparition quasi-totale de l’état civil parisien avant 1860 peut être contournée par des archives alternatives et j’ai déjà raconté ici comment les cartes de sûreté, instaurées dans la capitale pendant la Révolution, m’ont tirée de ce mauvais pas.

Jean Marie Villemagne dans le registre des cartes de sûreté de Popincourt – Archives nationales F/7/4803

Les registres miraculeusement conservés de la section Popincourt m’ont offert un fil à dérouler depuis Paris jusqu’à la Loire en me révélant une information capitale : l’origine de Jean Marie. Et je me retrouve désormais avec tout une flopée de maîtres passementiers installés aux confins du Forez, entre Saint-Chamond et Saint-Héand.

Mes passementiers dans les registres de Saint-Chamond au XVIIIe siècle – Archives départementales de la Loire

Je pars donc en voyage, tout au long du XVIIIe siècle et plus avant jusqu’au XVIIe, à la rencontre d’une nouvelle contrée, d’un nouveau milieu, d’un nouveau métier… Des horizons inconnus s’ouvrant ainsi à moi, j’ai commencé par profiter d’un voyage vers l’Auvergne pour musarder et découvrir les paysages dans lesquels ont vécu tous ces gens s’invitant soudain dans ma généalogie.

généalogie dans la Loire
Entre Saint-Chamond et Saint-Héand, par un joli jour de mai…

J’ai aimé ce que j’ai vu de mon nouveau pays mais je voulais aussi en savoir un peu plus sur la vie menée par mes Villemagne. Alors j’ai fait halte à la maison du passementier, à Saint-Jean-Bonnefonds.

La maison du passementier en 1914

On devine, sur cette carte postale du début du XXe siècle, l’endroit où était situé un atelier de passementerie, dans la dernière maison de la rangée. À partir du XVIIIe siècle et jusqu’à la première guerre mondiale, les rubans français provenaient très majoritairement du pays stéphanois et c’est donc une activité qui a laissé une forte empreinte dans la région. Ainsi que l’indique Brigitte Reynaud Carrier, professeure d’histoire à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne, cette activité se plaçait au même niveau que la mine ou la métallurgie et loin devant l’arme et le cycle.

Aujourd’hui, on visite dans cette petite maison un intérieur reconstitué qui donne à voir la vie quotidienne des habitants au travail et en famille. L’époque est certes plus tardive que pour mes ancêtres mais en plein dans celle qu’ont vécu leurs cousins restés au pays.

Dans l’atelier sont présentés deux impressionnants métiers jacquard. En raison de la mécanique qui les surmonte, ils ne pouvaient trouver leur place que dans des pièces aux plafonds très hauts. C’est ce qui explique la configuration si particulière des intérieurs de ces tisserands, qu’on retrouve également dans les ateliers des canuts à Lyon.

Justement, l’intérêt ici est qu’une mezzanine court autour de la pièce, permettant d’observer par le haut tous les détails des mécaniques. Et c’est vraiment magnifique, ces outils de travail monumentaux mais où le décor n’a pas été oublié ; ils sont ornés de détails très raffinés.

En redescendant à l’étage des métiers, on découvre également tout ce qui sert au travail du fil : de belles canetières, l’établi où le passementier faisait ses réparations, des paniers de bobines…

Une famille a vécu ici ; sommaire, malhabile et touchante comme toutes les autres, c’est ce que nous rappelle la marquette de la petite Joséphine au détour d’une pièce, comme un clin d’œil au cours de cette jolie visite.

La maison du passementier illustre le bel engagement d’une commune pour donner corps à son histoire et communiquer autour de son patrimoine. Ces initiatives sont multiples, ce qui est une aubaine pour nous qui aimons en savoir davantage sur le quotidien de nos gens. On découvre des merveilles en quittant l’autoroute et en voyageant lentement :-))

Les deux dernières années ont forcément rabattu mes envies de déplacement dans les salles de lecture un peu éloignées de moi mais je crois que ma prochaine visite sera pour les Archives départementales de la Loire à Saint-Étienne !

Merci à Geneatech, jamais à court d’idées fantaisistes et inspirantes, qui nous propose cette année de bloguer en suivant le Tour de France… et merci aux cyclistes de faire aujourd’hui étape à Saint-Étienne :-))

La semaine dernière, j’étais déjà dans leur roue pour évoquer ma généalogie suisse. Et pour revoir mon Tour de France 2021 sur le thème du vélo, c’est par ici.

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