V comme Variété des ressources

J’ai glissé, au milieu de l’histoire des Lombard, des billets plus techniques pour tenter de faire comprendre les outils que j’avais utilisés dans ma quête louisianaise. Certains sujets m’ont en effet semblé nécessiter des explications plus détaillées et ont fait l’objet d’un article spécifique:

J’ai aussi essayé, le plus possible, de sourcer par des liens les documents que je proposais à l’appui de mes récits pour suggérer des pistes de recherche.

Mais il y aurait encore tant de choses à dire ! Je consacre donc un dernier billet à balayer tout ce qui n’a pas trouvé sa place jusqu’à présent mais que je ne veux pas garder pour moi, tant cela m’a aidée à avancer dans la compréhension de mes gens.

Sur les gens : les annuaires de la ville

Ils existent un peu partout aux États-Unis mais évidemment, je ne les ai testés que sur La Nouvelle-Orléans. Ils sont une ressource inestimable en complément des recensements et aussi pour passer le tunnel de 1880 à 1900 ; en effet, le recensement de 1890 a malheureusement été détruit, dans sa quasi-totalité et à l’échelle des États-Unis, par un incendie survenu en 1921. Vous pouvez toujours vérifier si quelque chose a été épargné sur la localisation qui vous intéresse, mais c’est extrêmement réduit et quoi qu’il en soit, ce n’est pas le cas pour la Louisiane.

Annuaires pour 1807, 1824 et 1841 – Source : Gale Primary Source

Sur La Nouvelle-Orléans, les annuaires existent depuis le début du XIXe siècle. La Bibliothèque Publique de la ville en a une collection conséquente depuis les premières années, Ancestry a une série à peu près suivie depuis 1861, avec l’interruption de la guerre entre 1862 et 1864 où ils n’ont pas été publiés. Mais ces deux ressources n’étant pas libres, je vais plutôt vous diriger sur FamilySearch.

Une première manière d’y accéder est d’utiliser la recherche par document pour les années qui ont été indexées. Je vous ai donné quelques astuces ici ; si vous voulez vous concentrer sur l’annuaire, je vous conseille :

  • de commencer par une recherche classique sur le nom et la ville,
  • de filtrer la collection sur les United States City and Business Directories qui se trouve dans la catégorie Autres,
  • éventuellement d’exporter votre liste pour pouvoir la retravailler dans Excel, en la triant par exemple par année ou sur le prénom.

Mais outre le fait que la totalité des annuaires n’est pas encore indexée, vous pouvez vouloir accéder au volume d’une année précise pour y chercher des informations qui ne sont pas nominatives. Il faut alors passer par le catalogue ou par les images.

Ici la gratuité se paye au prix de l’ergonomie, car les annuaires sont empilés dans des paquets de trois à quatre-mille vues. C’est pourquoi je préfère l’accès par les images qui a l’avantage de proposer, dans le haut de la visionneuse, un ruban de miniatures permettant de parcourir rapidement le lot. Au fur et à mesure de mes farfouillages, j’ai commencé un index qui renvoie directement vers la première page de chaque année ; quand il sera terminé, je reviendrai le poser ici.

L’annuaire comprend une première partie dans laquelle les habitants sont classés par ordre alphabétique. On les trouve donc très facilement, même dans les volumes qui n’ont pas été indexés.

La seconde partie reprend les professionnels classés par rubrique puis, dans chaque rubrique, par ordre alphabétique. Vous pouvez ainsi trouver vos gens à la fois dans la première et dans la seconde partie.

Je vous conseille de commencer par prendre en main la table des abréviations car les adresses en sont truffées ; elle figure dans chaque volume au début de la liste alphabétique.

Abréviations dans l’annuaire de 1882 – Source : FamilySearch

L’annuaire permet de suivre nos gens souvent très finement, majoritairement les hommes mais les femmes peuvent aussi y figurer, le plus souvent quand elles ne sont pas pourvues d’un mari. On connait leur profession, souvent le nom de leur employeur est indiqué et on peut donc aller voir de qui il s’agit. C’est par l’annuaire, par exemple, que j’ai tiré le premier fil pour écrire l’histoire professionnelle de Georges l’ingénieur.

Annuaire de 1885 – Source : FamilySearch

Son employeur était annoncé, je n’ai eu qu’à aller le chercher pour faire le lien avec la boulangerie de South Peters street.

Par ailleurs, chaque annuaire propose un guide des rues qui permet de savoir, en fonction du numéro de la maison, où elle se situe par l’indication des deux rues perpendiculaires qui l’encadrent. Il est particulièrement intéressant en 1894 car il détaille bien le nouveau système de numérotation décimale des rues.

Il contient également le guide de la Levée que j’ai utilisé pour savoir où était arrivé le bateau de mes émigrants en 1849. Bref il me semble qu’il y a beaucoup d’occasions de vouloir accéder au volume de l’annuaire lui-même sans passer par la recherche nominative.

Sur les propriétés : Vieux Carré Digital Survey

C’est un site que j’ai déjà beaucoup cité et qui centralise une documentation exceptionnelle sur tous les immeubles du Vieux Carré. Et c’est à nouveau un projet de The Historic New Orleans Collection.

Je vais prendre l’exemple de la mercerie pour détailler son fonctionnement puisque nous connaissons déjà bien ce lieu. On peut accéder par l’adresse actuelle évidemment mais il y a aussi d’autres options en passant par la recherche avancée.

Dans le premier onglet, Property info, se trouvent les informations générales avec notamment :

  • la date approximative de la construction,
  • le statut de l’immeuble au regard de la protection des monuments,
  • une description sommaire et les évolutions constatées dans le temps,
  • un métrage du lot.

Pour l’immeuble de St Ann street, j’apprends ainsi que la maison a été construite vers 1836 ; celle qui existe toujours aujourd’hui est donc bien celle dans laquelle ont vécu les sœurs Lombard. J’ai également l’information que le bâtiment de fond de cour est une cuisine semi détachée et que le passage y conduisant à connu une modification dans sa configuration entre 1876 et 1896.

Dans cet onglet, j’ai aussi à droite une visualisation de tout le matériel graphique attaché à l’adresse, par exemple des photos dont les plus anciennes datent ici de 1962. Enfin dans le carrousel du bas, défilent les images attachées à l’îlot 58 dont notamment les plans Sanborn. Nous avons vu comment les récupérer en bien meilleure qualité qu’ici ; en revanche, ce recensement est intéressant pour avoir une idée des différentes versions qui existent.

720 St. Louis street – Source : Vieux Carré Survey

Le deuxième onglet, Chain of Title, parait moins attrayant mais comme son nom l’indique, il liste la chaîne de propriété depuis les temps les plus reculés et contient donc des informations qui peuvent être très intéressantes pour la recherche généalogique.

C’est par exemple là qu’on peut vérifier si les personnes que nous suivons étaient propriétaires ou locataires de leur habitation. Lorsque j’ai détecté par la presse une vente par licitation en 1892, j’en ai eu confirmation ici, avec le nom du propriétaire décédé. Ça m’a permis d’aller chercher sa succession avec l’espoir d’y trouver un inventaire après décès mentionnant l’immeuble. Bonne pioche ! J’ai ainsi l’information supplémentaire de l’évaluation du lot à trois-mille-cinq-cent dollars, la publicité de la vente mentionnant seulement le montant des loyers.

Le troisième onglet contient les citations externes à cette adresse, notamment dans la presse ou des documents officiels. Il n’y a rien pour mon immeuble anonyme mais si on travaille sur un bâtiment plus prestigieux, on peut avoir la chance de trouver ici des renvois intéressants.

En complément du Vieux Carré Digital Survey, il peut être intéressant de consulter également la Vieux Carré Virtual Library qui permet un accès cartographique aux propriétés mais surtout peut contenir du matériel photographique supplémentaire sur l’adresse qui vous intéresse, comme c’est le cas par exemple pour la mercerie.

Sur les propriétés : le site de l’évaluation foncière

Je traduis approximativement en fonction de ce que j’en ai compris mais les arcanes de l’administration sont complexes, là-bas comme ici. Sur le site de l’évaluation foncière, vous saurez tout, en direct, sur la valeur des immeubles et le montant des taxes payées par chaque propriétaire. Et oui, on n’est pas en France ;-)) Sauf si vous projetez d’acheter à La Nouvelle-Orléans, l’intérêt pour la recherche généalogique est surtout de connaître les coordonnées du propriétaire d’une maison qui nous intéresse pour pouvoir éventuellement le contacter. C’est aussi un de mes projets.

Un autre atout de ce site est de proposer une photo prise sur place de chaque maison, souvent meilleure que ce qu’on peut arriver à chopper sur Google Maps. Vous pouvez aussi glaner des informations sur la superficie de la parcelle et celle du bâtiment.

Enfin c’est un des moyens pour récupérer le numéro de l’îlot dans lequel est incluse la propriété, ce qui facilite grandement les recherches par exemple dans les plans Sanborn.

La recherche se fait à partir de ce lien et voici, à titre d’exemple, le résultat pour la maison de Desire Street où Achille a accueilli Louisa et Delia pour leurs derniers jours.

L’adresse de Desire Street sur le site de l’évaluation foncière

Sur la recherche généalogique : les ressources publiques

Dès qu’on sort de la recherche en France, on se rend immédiatement compte du trésor que nous offrent en ligne nos services publics d’archives communaux, départementaux ou nationaux, tant l’effort de publication des registres est colossal. Il en est de même pour la presse, avec Gallica et les différents sites locaux. À ma connaissance, on ne retrouve l’équivalent nulle part ailleurs.

C’est pourquoi le passage par des sites privés, accessibles sur abonnement à part FamilySearch, est souvent nécessaire aux États-Unis. Il ne faut cependant pas négliger certaines ressources publiques libres.

Vous trouverez par exemple sur le site du Secrétariat d’État de la Louisiane une indexation des actes de naissance, mariage et décès. Ce n’est certes qu’une indexation mais elle est précieuse en complément de celle qui est fournie sur les sites privés. J’y récupère par exemple des informations sur les numéros de volume contenant les actes que je peux ensuite me procurer via le service FSL Remote Access.

Pour terminer, je ne saurais trop vous conseiller d’aller fouiller dans les importantes ressources qu’offre la Bibliothèque Publique de La Nouvelle-Orléans. La partie plus particulièrement intéressante pour la généalogie est regroupée dans les archives de la ville et les collections spéciales. Elle aurait mérité un billet à part mais je n’avais plus de lettres :-))

Alors fouillez, partout, vous pouvez commencer par le très complet guide Genealogical Materials. Tout au long de ce challenge, je vous ai d’ailleurs indiqué un certain nombre de liens qui pointent vers des outils mis en ligne par la Bibliothèque.

Une bonne introduction aux recherches généalogiques à La Nouvelle-Orléans est aussi le séminaire Identify your catholic ancestors qui a été proposé en ligne, l’année dernière, par la Bibliothèque en collaboration avec les New Orleans Catholic Cemeteries et l’archidiocèse de la ville. Il s’est déroulé en six sessions et malgré son titre, j’y ai glané beaucoup d’informations pour rechercher aussi mes protestants.

Ne vous laissez pas arrêter par la barrière de la langue. Personnellement je suis incapable de suivre une conférence en anglais mais n’oubliez pas que les vidéos sur YouTube peuvent être sous-titrées en français. L’audio est récupéré automatiquement, à quoi s’ajoute la seconde couche de la traduction, automatique elle aussi ; vous n’êtes donc pas à l’abri de fous rires occasionnels mais ça aide énormément à suivre le propos si vous n’êtes pas fluently in english.

D’une manière générale, tous les sites et tous les documents pdf peuvent être traduits automatiquement et très rapidement de l’anglais vers le français. Et à l’écrit ça fonctionne vraiment bien, sous réserve de quelques rétablissements qu’on s’habitue très vite à faire sans même y penser.

J’en oublie, c’est sûr, mais il faut bien faire une fin. J’espère qu’avec ces pistes, vous aurez autant de chance que moi dans vos recherches à La Nouvelle-Orléans.

Vers l’article suivant W comme Watchman ou pas Watchman ?

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