M comme Mormons

Il me paraît impossible de se lancer dans des recherches en Amérique sans s’intéresser de près aux ressources mises à disposition par les Mormons et leur vitrine généalogique en ligne, FamilySearch.

Ces ressources sont incroyablement riches et diversifiées. Chaque jour, elles sont complétées à la fois par de nouvelles données et de nouvelles indexations. Quand je vais dans la recherche par images, je suis toujours fascinée par le compteur qui s’incrémente en temps réel au fur et à mesure des dépôts (oui, ça fait beaucoup de chiffres, on est dans la zone des quatre milliards, là)

Comme il est impossible de faire un tour exhaustif de cette caverne d’Ali-Baba, j’ai pris le parti de vous dire, dans les grandes lignes, ce que j’ai compris des options de recherche au cas où vous ne les pratiqueriez pas déjà, puis de me focaliser, exemples à l’appui, sur quelques-unes des fonctions intéressantes découvertes un peu par hasard au gré de mes pérégrinations.

La question qui fâche

Oui FamilySearch, c’est l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours donc une religion/une secte selon le point de vue qui est le votre. Pour être transparente sur l’avis personnel qui suit, je précise en préalable que je suis une mécréante absolue et que toutes les églises m’indiffèrent pareillement, de quelque bord qu’elles soient.

Ceci posé, FamilySearch est incontournable pour la recherche généalogique aux États-Unis et, vous le verrez plus loin, pas seulement. Le site est intégralement gratuit et libre de toute publicité. Pour l’utiliser, le seul pré-requis est de fournir une adresse mail pour créer un compte.

À l’usage, il s’est avéré pour moi beaucoup moins intrusif numériquement que… au hasard Facebook (mais j’aurais pu aussi pu prendre pour exemples le webmail de La Poste, Google, La Redoute ou Twitter que j’utilise également). Pas du tout intrusif, en réalité : après des années, je n’ai jamais reçu aucune sollicitation d’ordre religieux ni été visée par aucun ciblage publicitaire orienté, ce que je surveillais et qui aurait constitué pour moi un frein certain.

Je ne me lancerai pas dans un débat sur le fait qu’utiliser le site, c’est contribuer à son succès et que ce succès rejaillit sur l’Église. C’est probablement vrai, au moins en partie. J’ai fait le choix personnel et pragmatique de mettre mon mouchoir par là-dessus pour pouvoir mener à bien mes recherches outre-Atlantique. Et j’ai découvert qu’au-delà du site lui-même, les bénévoles proposent des services personnalisés avec une extrême gentillesse et, là encore, sans l’ombre d’un prosélytisme religieux.

Sans FamilySearch, je n’aurais jamais pu mener à bien ma quête louisianaise et je suis très reconnaissante aux Mormons des ressources qu’ils mettent à notre disposition. Si vous décidez de faire le même choix que moi, passons à la pratique.

Chercher de différentes manières

Il est possible de déposer sa généalogie sur FamilySearch mais il faut au préalable comprendre qu’elle s’inscrira dans un arbre collectif. J’ai à peine testé ce concept à la fois intéressant et très particulier d’arbre universel, je pense poursuivre plus avant dès que je retrouverai du temps à dégager pour la recherche de cousinages de l’autre côté de l’Océan.

Mais je parierais que le menu le plus utilisé du site est celui de la recherche.

Rechercher par documents

C’est l’option la plus connue du menu Rechercher. Elle est certes la plus facile d’usage mais elle ne recouvre qu’une petite partie des ressources du site ; en effet, elle ne pointe que sur les documents indexés, c’est-à-dire ceux sur lesquels ont travaillé des bénévoles pour en extraire les informations principales, permettant ainsi la recherche directe.

Elle est efficace, rapide et productive ; il suffit d’interroger sur un nom de famille pour afficher immédiatement une liste de résultats. Elle a aussi ses limites qui sont principalement celles de l’indexation, parfois fantaisiste, surtout avec la barrière de la langue. Si vous cherchez Isidore, bon courage pour le trouver derrière Givon !

D’ailleurs, le producteur initial du document, surtout s’il était anglophone, a pu lui aussi ne pas entendre exactement les noms frenchies, généralement prononcés avec des accents locaux divers et variés. J’ai longtemps cherché sans succès mon Achille Lombard… avant de réaliser que l’agent recenseur avait entendu Achile Lambord. Là-dessus l’indexeur, probablement anglophone lui aussi, n’a pas reconnu le prénom Achille et l’a retranscrit en Achila. Bref, j’avais peu de chance de retrouver mon cousin sans dépouiller directement le document.

Un autre problème de l’interrogation directe est le risque d’être rapidement submergé par l’abondance de résultats. Pour optimiser ses chances, le principe est souvent de commencer par une recherche ouverte, par exemple en saisissant un nom de famille et un lieu élargi comme le pays, puis de restreindre petit à petit les résultats en refermant les critères de recherche. Je vous indique aussi plus loin quelques astuces qui m’ont aidée.

Rechercher dans le catalogue

Une autre option du menu est la recherche dans le catalogue qui décrit les ressources détenues par la Bibliothèque d’Histoire Familiale. Vous pouvez l’explorer de différentes manières, mais celle que j’utilise le plus est la recherche par lieu.

Maintenant il va falloir commencer à aimer farfouiller. Je vous conseille de l’explorer exhaustivement sur les aires géographiques qui vous motivent car la logique du classement n’apparaît pas toujours à première vue. Par exemple, sous le titre Map, j’ai effectivement trouvé un plan de La Nouvelle-Orléans… mais suivi de 170 pages de listes de décès.

Pour ma part, j’utilise surtout le catalogue pour rechercher des publications Il recèle effectivement des pépites comme cette improbable History of Ross and Highland Counties publiée en 1880, dans laquelle j’ai suivi à la trace le frère de Marguerite Sircoulomb, parti fonder une communauté presbytérienne dans l’Ohio.

Au passage, vous pouvez y apprécier comment les noms français un peu tarabiscotés sont parfois délicieusement entendus par les anglophones.

Bien sûr, le catalogue est également une voie d’accès vers des registres et des fichiers qui ne sont pas encore indexés. Cependant si malgré ses fantaisies de classement il offre un accès quelque peu raisonné aux ressources, il n’est pas non plus exhaustif car il n’intègre pas en temps réel la totalité des images.

Rechercher dans les images

Cette fois-ci, c’est le saut dans le grand bain. Ici FamilySearch verse en vrac les images numérisées un peu partout dans le monde. Allez, encore un petit coup de compteur, je ne m’en lasse pas !

La recherche dans les images se fait d’abord par lieux, puis par type de document… puis ensuite en feuilletant les lots de numérisation pour essayer de comprendre comment ils sont structurés. Les intitulés sont souvent trompeurs, les dates rarement exactes mais au-delà de l’aspect décourageant de cette présentation, on y trouve des trésors… à condition d’aimer pratiquer la plongée en archives profondes. Je vous indique plus loin quelques pistes pour s’en sortir.

Quelques astuces en vrac

Recherche indexée : limiter les résultats

Un problème de la recherche par documents est donc le nombre invraisemblable de retours obtenu en recherche standard. L’exemple de mes Lombard est assez parlant : ce n’est pas un nom outrageusement répandu mais il n’est pas rare non plus aux États-Unis. En faisant une recherche uniquement sur le nom, à La Nouvelle-Orléans, pour 1880, j’obtiens tout de même 17 223 résultats… Autant dire que ce retour est inexploitable. J’ai plusieurs possibilités pour arranger ça :

en utilisant la recherche exacte. Elle n’est plus proposée par défaut dans la nouvelle version du site mais elle existe toujours. Il faut descendre en bas de la boîte Recherche avancée qui se trouve sur la droite de l’écran et activer l’option Afficher la recherche exacte pour faire apparaître une case à cocher à droite de chaque critère de recherche.

Si je relance la recherche précédente en cochant la case Recherche exacte pour le nom et la ville, je suis redescendue à 109 résultats, ce qui est tout de même beaucoup plus raisonnable. Attention, le corollaire est que je vais passer à côté de mes Lombard cachés derrière une indexation approximative.

en se concentrant sur une collection : les options de filtrage figurent désormais dans une barre horizontale située au-dessus des résultats.

En demandant à filtrer par collection, une nouvelle boîte apparaît sur la droite de l’écran dans laquelle je peux cocher les ressources que je désire conserver. Dans mon cas, si je demande à filtrer par exemple sur les très intéressants City & Business Directories, je tombe à 63 résultats, mais surtout je vais pouvoir travailler sur une liste homogène. Assez, par exemple, pour décocher la recherche exacte sur le nom et tenter ainsi de repêcher les éventuelles erreurs d’indexation.

Bref, comme souvent dans la recherche, tout est question de dosage.

Recherche indexée : exporter les résultats

Une nouvelle fonction très intéressante est apparue il y a quelque temps, la possibilité d’exporter les résultats de la recherche. J’avoue que depuis, j’en use et j’en abuse.

Pour l’obtenir, il faut passer dans l’onglet Préférences de la boîte d’options et, en bas, choisir son format d’export, pour moi, Excel sans hésiter. Et là, c’est la fête de la recherche ! On peut commencer par éliminer tout de suite les résultats qui ne conviennent pas au premier coup d’œil, trier sur n’importe quel champ, mettre en évidence certains enregistrement, annoter, etc. Et bien sûr, conserver le résultat de sa recherche. Il est aussi très facile de vérifier une image puisque son lien remonte dans la ligne de l’enregistrement avec l’indexation.

Cette fonction est mon coup de cœur et m’a permis de faire pas mal de nouvelles découvertes.

Les images, au-delà des États-Unis

Pour vous parler un peu plus des images, je vais quitter la Louisiane et me recentrer sur la France, plus précisément sur Paris. En novembre 2017, la ville a signé avec FamilySearch une convention pour la numérisation des microfilms de l’état civil reconstitué, dont nous avons déjà vu le résultat avec bonheur sur le site des archives.

Cette convention concernait d’autres ressources comme l’enregistrement et les listes électorales, dont la  numérisation est toujours en cours. Certes, tout ce travail finira un jour par être accessible sur le site des archives de Paris comme c’est déjà le cas pour une partie des tables des successions et absences, par exemple.

Mais où croyez-vous qu’atterrissent les numérisations brutes en attendant le post-traitement ? Dans les images bien sûr ! C’est ainsi que depuis pas mal de temps déjà, on peut accéder en ligne aux déclarations de succession, aux sommiers fonciers ou aux tables des décès pour la période qui n’a pas encore été intégrée sur le site de Paris.

Certes l’ergonomie n’est pas au rendez-vous et ça demande quelques efforts. Mais ils m’ont semblé bien légers à fournir pendant la crise sanitaire où les déplacements étaient compromis.

Pour aller plus loin sur l’accès aux images, j’ai fait en juin dernier deux live sur ma chaîne Twitch : le premier sur les déclarations de succession (FamilySearch à 29 minutes si la recherche dans les inventaires parisiens ne vous intéresse pas) et le second sur les sommiers fonciers (FamilySearch à 16 minutes) dans lequel j’évoque également le catalogue. Les deux sont toujours en ligne, ce sont des cas pratiques qui  permettent de montrer une stratégie pour accéder aux images de FamilySearch, quel que soit le lieu qui vous intéresse en France ou à l’étranger.

La cerise sur le gâteau : FHL Remote Access

Je termine par un dernier service, lui aussi mis en place très récemment par FamilySearch : l’accès à distance à la Bibliothèque d’Histoire Familiale. Salt Lake City comme si vous y étiez, en quelque sorte…

Si vous utilisez déjà FamilySearch, il vous est probablement arrivé de ressentir un peu de frustration, sur une page d’indexation, en obtenant ce funeste message lorsque vous essayez d’accéder directement à l’image associée :

Elle existe mais elle ne peut pas être servie en ligne soit en raison de restrictions légales dans le pays d’origine, comme par exemple des délais de communication, soit parce qu’elle fait l’objet d’une distribution commerciale par ailleurs. Jusqu’à il y a quelques temps, la solution pour consulter l’image était de se rendre dans un centre local d’histoire familiale, si vous aviez la chance d’en avoir un à proximité.

Mais la crise sanitaire est passée par là et les centres ont fermé. FamilySearch a donc tout bonnement mis en place un formulaire qui permet de commander les actes dont nous avons besoin mais qui ne sont pas disponibles en ligne. Sous réserve que vous fassiez un petit effort en amont pour fournir tous les renseignements requis, des bénévoles les téléchargent pour vous et vous les envoient par mail.

Et croyez-moi, ils suivent l’affaire de près ; en tout cas, pour le moment les délais sont bien plus courts qu’annoncés. Qu’ils en soient publiquement remerciés, ce que je n’oublie pas de faire personnellement à chacun de leurs envois. Je n’aurais pas pu aller aussi loin dans mon challenge sur la Louisiane sans les dizaines d’actes qu’ils ont m’ont dégottés.

Je ne suis pas bien sure qu’il soit dans mon intérêt de faire de la pub pour ce service, moi…

Alors, c’est parti pour sauter à pieds joints dans les ressources offertes par FamilySearch ?

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